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prend son nom de l'ancien couvent de l'Annonciade qui en bordait la ligne méridionale
en majeure partie. L'église de ce couvent, dédiée à
l'Annonciation de la sainte Vierge, subsiste encore quoique entièrement
abandonnée : c'est une propriété particulière qui
a été convertie en magasin. Elle avait été bâtie
sur les ruines d'une chapelle dédiée à saint Antoine, que
la ville avait fait construire hors des murs, au commencement du XIIIe siècle,
lorsque la maladie, connue sous le nom de feu sacré, étendait
ses ravages dans Aix. Ce mal causait la perte du membre auquel il s'attachait
et qui devenait noir et sec comme s'il avait été brûlé.
La médecine ne connaissait aucun moyen de le guérir, et l'on estimait
que l'intercession de saint Antoine était le seul remède qui put
en arrêter les effets, ce qui lui fit donner aussi le nom de feu
Saint-Antoine. C'est dans cette église que les syndics (consuls) et assesseur
allaient entendre la messe le jour de leur installation, avant la réunion
du bourg Saint-Sauveur à la ville comtale en 1357. Depuis cette époque
ils allaient à Saint-Sauveur. Aujourd'hui nos magistrats municipaux ne
vont nulle part.
En 1537, les religieux Servites, dont le couvent était situé auparavant
dans le faubourg Saint-Jean et avait été démoli lors de
l'invasion de Charles-Quint, 1
furent mis en possession de celui de l'Annonciade, et ils l'ont occupé
jusqu'en 1770, époque de leur suppression. 2
Quelques années après, le couvent des Carmes déchaussés
ayant été rasé pour faire place à la grande rotonde
située à l'entrée du Cours, là où aboutissent
actuellement les routes royales de Paris, de Marseille et d'Italie, ces religieux
vinrent s'établir dans l'ancienne habitation des Servites que la ville
leur donna, et ils y ont demeuré jusqu'à la révolution
qui a supprimé toutes les communautés religieuses.
Pitton rapporte sérieusement 3
qu'une dévotion particulière existait jadis dans cette église
à l'occasion que voici : lorsque des enfants mouraient avant d'avoir
été baptisés, on les exposait sur l'autel aux pieds de
l'image de la sainte Vierge, et à la suite de quelques prières
ils donnaient, dit-on, des signes de vie pendant lesquels les religieux leur
administraient le baptême. " En 1558, ajoute-t-il, un de ces enfants
fut laissé sur l'autel après les prières ; il reprit sa
vigueur, fut baptisé et par une merveille toute particulière,
sept cierges rangés sur un chandelier suspendu au milieu de l'église,
à plus de douze pieds de terre, furent miraculeusement allumés.
Nous en avons vu le verbal pris par le grand-vicaire et attesté de sept
témoins. "
De Haitze raconte les mêmes faits 4
et remarque " prudemment " dit-il, que ces miracles lui paraissent
avoir été les fruits de la fourberie ou de la niaiserie. Il aurait
pu dire, ce nous semble, de l'une et de l'autre.
1 Voyez au second volume, rue d'Italie. Retour
2 Un de ces PP. Servites, qui vivait il n'y a pas encore un siècle, fut interrogé par un frère lai du couvent, qui le pria de lui expliquer ce que voulaient dire les mots in diebus illis qui reviennent si souvent dans l'évangile: " Je vais te le dire, mon enfant, répondit le religieux : Indie est un mot latin qui signifie les Indes. Quant à busilis, c'est un mot si ancien et tellement vieux qu'on en a perdu la signification ; aussi ne le trouve-t-on plus dans les dictionnaires où je l'ai cherché mille fois et toujours inutilement. " Retour
3 Annales de la sainte Eglise d'Aix, pag. 217. Retour
4 Histoire manuscrite d'Aix, liv. VII, § 51. Retour