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en existe encore une petite partie située entre la rue Monclar et celle
des Gantiers, laquelle fut épargnée lors de la délimitation
des abords du nouveau palais de justice. On l'appelait très anciennement
la rue du Four du Temple, parce que là se trouvait le four où
les Templiers allaient cuire leur pain. Mais dans le XVe siècle un lieu
public de débauche y ayant été établi, les libertins
qui le fréquentaient nommèrent par dérision cette rue la
Bouèno Carrièro (la Bonne Rue), et ce nom lui est resté.
On assure même que celui deis Peitraoux qu'elle a également
porté, concurremment avec l'autre, lui venait de ce que les femmes de
mauvaise vie s'y montraient publiquement la poitrine découverte, ce qui
ne leur était pas permis dans les autres parties de la ville.
Un pareil voisinage n'empêcha pas cependant de très honnêtes
familles de faire leur résidence dans la rue du B...el ou de la
Lupanarié (Lupanarium), autrement dite du Four du Temple, ce qui
conste par les actes de reconnaissance des censes passées en faveur des
prieurs de l'église de Saint-Jean qui avaient succédé aux
biens des Templiers. C'est ainsi que nous trouvons parmi ces censitaires un
Balthazar de Gérente, un Michel Emeric et un Gabriel Eyraud, en 1409
; un Antoine de Fulconis, en 1476; un Antoine de Fortis, en 1533 ; un Toussaint
de Beaumont, en 1545 ; et la même année, un Bernard de Badet, conseiller
au Parlement, l'un des commissaires députés pour l'exécution
du mémorable arrêt rendu contre les hérétiques de
Cabrières et de Mérindol, etc. - Boniface de Fara, qualifié
de professeur en droit, y logeait en 1337, ce qui nous est une preuve à
ajouter à celles que nous fournirons ailleurs, de l'ancienneté
des écoles de droit dans cette ville.