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les derniers comtes de Provence de la maison de Boson, dont la demeure ordinaire
était à Arles, et sous les premiers comtes de la maison de Barcelonne,
qui leur succédèrent et qui firent de la ville d'Aix la capitale
de leurs Etats en-deçà des Pyrénées, la partie de
cette ville, qu'on ne tarda pas a nommer la VILLE COMTALE, à cause de
la résidence des souverains du pays, était limitée de cette
manière :
A partir des quatre coins de la Juiverie, 1
le rempart se dirigeait vers le midi en passant par la rue de
la Juiverie, 2
derrière l'Hôtel-de-ville actuel, et la rue de la
Verrerie jusqu'au point où celle-ci aboutit dans la partie supérieure
de la rue Beauvezet. Là se trouvait une porte publique qu'on appelait
la porte de Marseille ou des Marseillais (portale Massiliensium), parce
que là aussi commençait le chemin qui conduisait à Marseille
et qui passait sur le terrain occupé aujourd'hui par les rues Beauvezet,
et de la Masse.
De la porte de Marseille, le rempart continuait dans la petite rue, puis sur
la place à présent dites, l'une et l'autre, de l'Annonerie Vieille,
à l'extrémité méridionale de laquelle place se terminait,
en ce temps-là, l'île de maisons qui part de la rue de l'Official.
Il coupait ensuite, en faisant face au midi, dans celles du Grand-Puits, 3
de Papassaudi, la partie supérieure de la rue des Grands-Carmes,
et la rue des Valentin, confondue plus tard dans la bâtisse de l'église
de Sainte Magdelaine, vers le lieu où l'on a ouvert, de nos jours, la
rue dite de l'Ancienne Magdelaine. Le rempart venait ensuite aboutir devant
le Palais comtal, à peu prés où commence la Petite-rue-Saint-Jean
; il existait là une autre porte publique appelée la porte Sainte
Magdelaine, parce qu'elle conduisait à l'église paroissiale de
ce nom, alors située hors la ville, aux environs de l'hôtel actuel
de la Mule-Noire.
De cette porte, le rempart contournait le Palais comtal et suivait
en remontant vers le nord, la ligne occidentale de la place des Prêcheurs
et la rue des Trois-Ormeaux où s'ouvrait une troisième porte dite
des Jardiniers (portale hortulanorum), située entre la rue Sainte-Claire
et la place des Trois-Ormeaux ; après quoi il continuait le long de la
rue Matheron jusqu'au coin de la rue Saint-Laurent ; là
il se recourbait du levant au couchant pour arriver à la tour de la Grande-Horloge,
élevée en 1510 sur une quatrième porte de la ville comtale,
appelée le Portail-Peint (portale pictum), d'où il allait
rejoindre les quatre coins de la Juiverie desquels nous sommes partis.
Une cinquième porte fut ouverte, au levant de la ville comtale, vers
l'an 1200, et fut nommée la porte du Puy de la cavalerie, à cause
des templiers dont l'habitation était assez près de là
; puis de Riffe-Raffe, parce qu'elle était située à l'extrémité
de la rue de ce nom ; enfin de Saint-Sulpice (portale Sancti-Sulpitii),
comme voisine de la petite chapelle dédiée à ce saint,
construite vers 1550, à l'entrée de la rue Bellegarde. C'est cette
cinquième porte que nous appelons aujourd'hui le Portalet, situé
en face de la place des Prêcheurs et qui a été rebâti
plusieurs fois.
Les principaux édifices et les rues que renfermait cette première
enceinte, ou pour mieux dire la Ville comtale, étaient donc :
1 Nous appelons ainsi les quatre angles que forment les rues Venel et de la Juiverie au point où elles se jettent en face l'une de l'autre, dans la rue des Cardeurs, à peu de distance au couchant de la tour de la Grande-Horloge. Retour
2 En 1811, I'administration municipale chargea un véritable barbouilleur de refaire à neuf les écriteaux indiquant les noms des rues. Celui-ci fît cette opération à sa guise et sans consulter personne, supprimant, de sa propre autorité, les noms qui lui déplaisaient apparemment, pour réunir les rues qui les portaient à celles qui s'alignaient plus ou moins avec elles. C'est alors que disparut le nom de Juiverie qui appartenait à la rue située au couchant et le long de l'Hôtel-de-ville, depuis la rue des Cardeurs jusqu'à celle de la Verrerie à laquelle la rue de la Juiverie fut réunie. La chose faite, le barbouilleur reçut une réprimande, mais on en resta là et il ne fut nullement remédié au désordre qu'il avait introduit dans l'indication de bien des rues. Retour
3 Elle partait de la Grande rue saint esprit et se jetait dans celle de Nazareth en face de la rue Papassaudi, et fut réunie à cette dernière par le barbouilleur dont nous parlons à la note précédente; en sorte que le nom de Grand-Puit disparut en 1811. Retour