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est ainsi nommée, parce que dans les premiers temps de l'agrandissement
de Ville-Neuve, la partie haute des rues du Collége, du Grand-Boulevard
et de la Mule-Noire, avoisinant la place de la Plate-Forme, ne fut à
peu près couverte que de jardins ; des maisons d'habitation n'ayant commencé
à y être bâties que lorsque l'ancien Jardin du Roi et le
sol inférieur eurent été peuplés.
Le collége Royal-Bourbon avait dans cette rue une de ses façades
exposée au levant, le long de laquelle étaient bâties deux
belles chapelles construites dans le XVIIe siècle par les Jésuites,
à l'usage de deux congrégations, l'une d'hommes, l'autre de femmes,
affiliées à leur institut. Celle qu'on appelait la Chapelle des
Dames existe encore, quoique assez délabrée. L'école de
dessin, fondée par M. le duc de Villars, gouverneur de Provence, y avait
été établie sous la direction de M. Aune, 1
et à la mort de celui-ci, arrivée en 1787, elle fut confiée
à l'excellent professeur Jean-Antoine Constantin, l'habile paysagiste,
le plus modeste des hommes, natif de Marseille et que nous avons vu mourir à
Aix le 9 janvier 1844, âgé de quatre-vingt-huit ans et quelques
jours. 2 C'est
lui qui y forma, entre autres élèves, MM. le comte Auguste de
Forbin et Granet. Aujourd'hui on expose dans cette chapelle, en temps d'hiver,
ces crèches mécaniques qui y attirent une si grande foule de spectateurs,
notamment de jeunes enfants.
Celle qu'on nommait la Chapelle des Messieurs, bâtie avant l'autre, ne
subsiste plus depuis une trentaine d'années environ. Elle était
très riche en dorures et en peintures de Daret, de Puget et autres bons
peintres de nos pays. 3
C'est dans cette chapelle que s'était établie, en 1790, la Société
des Amis de la Constitution, qui y tint sa première séance
le 9 mai de ladite année. Ce club était composé des premiers
partisans de la révolution, dont un grand nombre pensait de bonne foi,
avons-nous dit ailleurs, qu'on pouvait réformer les anciens abus sans
renverser l'autel et le trône ; funeste erreur qui, peu d'années
après, coûta la vie à une infinité d'entre eux !
! ! Combien, en effet, furent les victimes des pendaisons qui remplirent, la
ville de deuil en 1792 et dans les premiers mois de 1793 ! La plupart se jetèrent
dans les sections, et ayant été subjugués par l'armée
de la Convention nationale commandée par le général Carteaux,
au mois d'août suivant, ils furent obligés de se cacher ou d'émigrer,
et ceux qui eurent le malheur d'être arrêtés, portèrent
la tête sur l'échafaud. . . . . C'est à cette époque
que cessèrent les séances de cette société, dont
l'autre partie se réunit à celle des Anti-Politiques-Républicains.
1 Il fut le père de Léon Aune que M. Porte dit avoir été un intrépide guerrier et s'être distingué dans les campagnes d'Italie sous le général Bonaparte auquel Aune sauva la vie, suivant cet auteur, dans une affaire où le général s'était exposé comme un simple soldat. Aix ancien et moderne, 1ère édit., pag. 60, et 2ème édit. pag. 67. Retour
2 Notice sur la vie et les ouvrages de Jean-Antoine Constantin, par M. J. F. Porte, dans les Mémoires de l'académie d'Aix, tom. V, 1844, pag. 97. Retour
3 Les curiosités les plus remarquables
de la ville d'Aix, par de Haitze, p. 156. Retour