EAN-CLAUDE
VIANY, prieur de Saint-Jean, duquel nous avons parlé précédemment,
a donné le nom à cette rue. Ce prieur avait eu la prétention
d'appeler Ville-Viany la partie du nouvel agrandissement qui était
située sur les terrains dépendant de son prieuré, et lui
avait déjà donné en effet cette qualification dans divers
contrats de vente de places à bâtir qu'il avait passés devant
notaire. Mais la Langue de Provence, 1
offensée avec raison de cette prétention, puisque les terrains
en question appartenaient au prieuré de Saint-Jean et n'étaient
nullement la propriété du prieur, éleva de grandes plaintes
à ce sujet, et par une délibération prise, le 2 mai 1689,
au chapitre provincial du grand-prieuré de Saint-Gilles, des Commissaires
furent nommés qui vinrent à Aix rayer la qualification de Ville-Viany
dans tous les actes où elle avait été donnée. 2
Le prieur Viany n'eut d'autre consolation que celle d'imposer son nom de Claude
à l'une des rues tracées sur l'emplacement dont nous parlons.
Celle-ci, qui fait face à la grande porte d'entrée de l'ancienne
église du Refuge, aujourd'hui de la Charité, s'arrête à
la rue Cardinale et avait dû être prolongée jusqu'à
celle du Buf où elle aurait abouti, d'après le plan primitif,
au second monastère de la Visitation, fondé dans cette dernière
rue en 1652. 3
On devait l'appeler la rue de la Visitation ; mais les religieuses s'étant
transférées, en 1671, au midi de la place du Grand-Boulevard,
la prolongation de la rue fut alors abandonnée, ainsi que le nom qu'ou
lui avait destiné.
Une seconde rue parallèle à la rue Saint-Claude et au levant de
celle-ci, avait été projetée en 1646, qui serait partie
de la place située devant l'église Saint-Jean et se dirigeant
vers le midi, aurait abouti au rempart de la ville, en traversant la rue Longue-Saint-Jean
et la rue des Champs. On l'eût appelée, suivant le plan d'alignement
de cet agrandissement, la rue de la Commanderie. Mais le prieur Viany, voulant
construire une nouvelle maison prieurale (celle où sont placés
aujourd'hui le Musée de la ville et l'école de Dessin) sur une
partie de terrain que cette rue eût occupé, obtint qu'on renonçât
au premier projet.
1 Nous avons dit et chacun sait que les provinces dont était composé l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem ou de Malte, portaient le nom de Langues et s'appelaient la Langue de Provence , la Langue d'Auvergne, la Langue de France, la Langue d'Italie, la Langue d'Aragon, etc. L'historien moderne de l'église de Saint-Jean d'Aix, que nous avons cité plusieurs fois ci-dessus, emploie, en parlant de la Langue de Provence, les termes de la Langue Provençale, ce qui ne s'est jamais vu nulle part que dans sa Notice et ce qui prouve combien peu il est familier avec le sujet qu'il a traité, à part toutefois les termes d'architecture sur lesquels il est très exercé, nous le reconnaissons encore une fois bien volontiers. Les mots Langue Provençale n'ont jamais signifié autre chose que la langue ou l'idiôme qu'on parle en Provence. Retour
2 De Haitze, Hist. d'Aix, manuscrite, liv. XXIV, § 23. Nous devons remarquer que les actes publics relatifs aux actes de vente de places à bâtir, passés par les archevêques dans le quartier d'Orbitelle, désignent ce quartier sous le nom de Ville-Mazarine, quoique ce terrain appartint à la manse archiépiscopale et non à l'archevêque Mazarin ; ce qui est le même cas que celui où se trouvait le prieur Viany. Mais ce dernier rencontra des contradicteurs que n'eurent jamais les archevêques et Mazarin moins qu'aucun de ses successeurs. Retour
3 Voyez ci-dessus,
pag. 276. Retour