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hôtel supérieur en magnificence à tous ceux dont nous avons
parlé jusqu'à présent, existait, avant la révolution,
dans la seconde et dernière île située sur la ligne occidentale
de cette rue, en allant vers le midi et en occupait seul toute l'étendue.
Il était bâti entre deux cours, l'une au levant l'autre au couchant,
et il longeait au nord la rue Mazarine, ayant au midi de très beaux jardins.
Paul de Roux, marquis de Courbons, avocat-général au parlement
d'Aix, l'avait fait construire peu d'années après la peste de
1720. Ayant succédé, en 1733, à son père Alexandre
de Roux, seigneur de Gaubert, dans la charge de premier président du
parlement de Navarre, séant à Pau, 1
et ayant marié, douze ans plus tard, une de ses filles à Charles-François-Xavier
de Coriolis, marquis d'Espinouse, président à mortier au parlement
d'Aix, il céda cet hôtel à celui-ci, qui dès lors
jusqu'à sa mort arrivée en 1786, alla y passer habituellement
la belle saison, n'habitant plus que pendant l'hiver celui qu'il possédait
à la rue du Grand-Boulevard ou de la Plate-Forme. 2
Feu M. le comte de Galliffet, mort lieutenant-général des armées
en 1831, l'acquit en 1787 et y tint pendant quelques années un grand
train de maison ; mais la révolution l'ayant contraint de passer avec
sa famille en Italie où il demeura pendant dix ans environ, cet hôtel
fut vendu nationalement comme bien d'émigré, à divers acquéreurs
qui le démolirent, espérant y trouver des trésors qu'ils
supposaient y avoir été cachés par M. de Galliffet avant
son départ.
C'est dans cet hôtel qu'est né, en 1790, M. Alexandre-Justin-Marie
marquis de Galliffet, colonel de dragons sous la restauration, démissionnaire
en 1830, auteur de divers souvenirs de voyages fort intéressants et d'un
style aimable et facile, par lesquels il s'est fait connaître dans la
littérature. 3
Sur les ruines de l'hôtel dont nous venons de parler, sont construits
actuellement les bâtiments occupés par la Synagogue et ceux de
la poste aux chevaux, ouvrant l'un et l'autre le long de la rue Mazarine à
laquelle nous allons passer. Celle de Saint-Lazare tire son nom de ce qu'elle
parcourt une partie de l'ancien chemin qui, de la porte des Marseillais, dite
ensuite des Augustins, conduisait à la maladrerie Saint-Lazare et continuait
de là jusqu'à Marseille. 4
1 Voyez ci-dessus, pag. 183 et 201. Retour
2 Voyez ci-dessus, pag. 42. Retour
3 Souvenirs de voyages - 1837. - Promenade sur les bords du Rhin ; Paris, 1839, in-8°. - Souvenirs de voyages. Pyrénées, 1839 ; Paris, 1841, in-8°. - Souvenirs de voyages. L'an de grâce 1840. Gênes, Milan ; Marseille, 1841, in-8°. - Souvenirs de voyages. Suisse et Savoie, 1835 : Marseille, 1842, in-8°. - Souvenirs de voyages. Plombières, 1837 ; Paris, 1843, in-8°. - Ancienne Provence. La gueuse parfumée, souvenirs de voyages ; Paris, 1844, in-4°, pages encadrées et dix charmantes lithographies représentant : le château du Tholonet, le mur des Romains au Tholonet, le fond du vallon au Tholonet, la Sainte-Beaume, la papeterie de la vallée de Saint-Pons, Moustiers, la ville et le château d'Entre- vaux, le lac d'Alloz, l'abbaye de Sylvacanne et la tour d'Entressens. L'invitation que nous fait M. le marquis de Galliffet dans ce dernier ouvrage, de réunir les souvenirs que nous avions publiés par feuilletons, sur notre histoire locale, n'a pas peu contribué à nous décider à faire paraître les Rues d'Aix. Retour
4 Voyez notre 1er vol., pag. 8,
189, 218
et 532. Retour