ous
avons cru inutile, en parlant de la rue du Pont-Moreau, de répéter
ce que nous avions dit plus haut : 1
que la ligne orientale de cette rue ne fut bordée d'abord que par le
rempart au-delà duquel se trouvèrent les fossés de la ville.
Ce rempart et ces fossés, disions-nous, furent remplacés, à
l'époque du septième agrandissement, vers la fin du XVIe siècle,
par l'île de maisons que nous voyons actuellement entre la rue du Pont-Moreau
et la rue Ganay. 2
Il n'en fut pas de même à l'égard de la place des Prêcheurs
dont la ligne orientale fut bordée de belles maisons assortissant la
nouvelle façade que le roi René fesait construire sur la ligne
opposée, au levant du palais comtal, et les autres maisons qui existaient
déjà à la suite de ce palais, en remontant vers les rues
des Trois-Ormeaux et de Bellegarde.
Celle de ces nouvelles maisons qui fait aujourd'hui le coin de la place et de
la rue du Grand-Boulevard ou de la Plate-Forme, en face de celle du Pont-Moreau,
était habitée, peu avant le milieu du XVIe siècle, par
Guillaume Guérin, avocat, général au parlement, connu par
le rôle odieux qu'il joua dans la mémorable affaire de Cabrières
et de Mérindol et par sa fin tragique. Traduit à raison de cette
affaire devant le parlement de Paris avec Jean Maynier, baron d'Oppède,
premier président de celui d'Aix, le président Lafond, les conseillers
de Badet et de Tributiis, et les autres exécuteurs de cette horrible
boucherie, il s'en fût tiré sans doute comme eux, si son animosité
personnelle contre d'Oppède ne l'eût porté à fabriquer
des pièces fausses, à raison de quoi il fut condamné a
être pendu, ce qui fut exécuté sur la place des Halles,
à Paris, le 20 avril 1554. 3
Sa tête fut envoyée à Aix et plantée sur un pieu
à la place des Prêcheurs, soit sur l'échafaud qui y était
dressé, soit devant sa maison même. La tradition porte que le jour
de son exécution a Paris, sa femme, étant à jouer aux cartes,
à Aix, avec quelques dames de ses amies, vit sur la paume de sa main
l'empreinte de la tête ensanglantée de son époux, qui lui
apparaissait en vertu du pouvoir d'un magicien qu'elle avait consulté.
Ce conte ridicule n'a pas besoin d'être réfuté.
La maison qu'avait habitée Guérin fut acquise depuis par Honoré
d'Agut, conseiller au parlement, né à Aix le 25 novembre 1565,
mort en 1643, âgé d'environ 78 ans. Ce magistrat a laissé
des mémoires intéressants dans lesquels il donne des détails
curieux sur les divisions qui existèrent dans sa compagnie au temps de
la Ligue et sur la manière dont la ville d'Aix rentra sous l'obéissance
d'Henri IV. 4
Pierre d'Agut, son petit-fils, aussi conseiller au parlement, fit reconstruire
la maison dont nous parlons dans l'état où nous la voyons encore,
en 1676. 5
La belle et vaste maison qui fait le coin de l'île suivante et qui a,
depuis 1641, sa principale entrée dans la rue actuelle du Collège,
a trois façades : l'une, sur cette rue ; l'autre, sur la rue du Bourg-d'Arpille
; la troisième, sur la place des Prêcheurs. 6
Nouveau Palais de Justice
C'était l'ancien hôtel de La Cépède,
depuis hôtel de Simiane, remarquable par le souvenir de quelques-uns des
personnages qui l'ont habité ou qui y sont nés : tels que Jean
de La Cépède, ami de Malherbe, mort premier président de
la chambre des comptes, en 1622 ; Gaspard de Simiane, plus connu sous le nom
de chevalier de La Coste, 7
qui, par excès de zèle et de charité se dévoua et
mourut de la peste en 1649, au service des forçats retenus sur les galères
du roi à Marseille ; et Jean, marquis de Simiane, président au
parlement, magistrat renommé par son intégrité et par la
sainteté de sa vie, mort en 1687. 8
Au commencement du siècle dernier, un voleur qu'on allait pendre avec
quelques autres eut le rare bonheur d'échapper à la vigilance
des exécuteurs, pendant que ceux-ci dépêchaient ses camarades.
Telle est la bizarrerie du cur humain ! Tandis qu' une populace barbare
se presse pour savourer le spectacle affreux offert à ses yeux, elle
ouvre ses rangs et favorise la fuite d'un misérable qui a mérité
le supplice. Celui-ci parvient, à travers la foule, jusqu'à la
porte de l'hôtel de Simiane, qu'il trouve ouverte. Il entre , monte le
grand escalier, parcourt divers appartements, et arrive, sans avoir rencontré
personne, dans une chambre où madame de Simiane, née de Valbelle
alors en couches, était alitée et seule pour le moment. Il se
jette à ses genoux et lui demande la vie : - Cache-toi sous mon lit,
et sois tranquille, lui dit madame de Simiane. - En effet, ses femmes, que le
tumulte avait attirées aux fenêtres du salon voisin donnant sur
la place, rentrent dans sa chambre; elle leur tait ce qui s'est passé.
Arrivent bientôt les suppôts de la justice qui suivent les traces
du criminel, mais personne n'a rien vu, rien entendu. Après deux heures
d'inutiles recherches dans tous les recoins de l'hôtel, ils sortent enfin,
persuadés que le fuyard a pris une antre direction. La nuit se forme,
madame de Simiane éloigne ses femmes sous divers prétextes et
ne retient auprès d'elle qu'un domestique affidé à qui
elle révèle son secret. Le voleur est retiré plus mort
que vif de dessous le lit. Sa libératrice lui fait remettre des aliments
, des habits, quelque argent et l'exhorte à devenir meilleur. Le domestique
le fait sortir secrètement de l'hôtel et le conduit, sous son bras,
jusqu'à la porte de la ville.
Peu de mois après, madame de Simiane allant à Paris, est arrêtée
à quelques lieues d'Aix, dans le Bois des Taillades, passage alors
très dangereux. Parmi les brigands qui entourent la voiture et qui vont
la dévaliser, elle reconnaît celui à qui elle a sauvé
la vie. - Malheureux, lui dit-elle, as-tu pu oublier que tu as manqué
d'être pendu ? - Eh ! répartit le voleur, les gens de ma profession
ne doivent-ils pas finir par là tôt ou tard !
La tradition qui nous a conservé cette anecdote, et que nous ne garantissons
pas, ajoute que madame de Simiane fut sauvée, à son tour, par
le voleur reconnaissant. Il nous a été dit aussi qu'une autre
tradition donnait un dénoûment bien différent à la
bizarre aventure de cette dame.
De longues années s'étaient écoulées depuis l'évasion
du malheureux destiné à la potence, lorsque cette dame vit entrer
chez elle un ermite à la barbe blanche, au front chauve et courbé
sous le poids des ans. " Vous voyez devant vous, ma dame, lui dit-il, ce
misérable que vous avez jadis soustrait à une mort infâme.
Depuis lors, le ciel m'a touché de sa grâce, et je tâche
d'expier les crimes de ma jeunesse. Je n'ai pas voulu quitter ce monde sans
arroser vos pieds de mes larmes, vous témoigner ma vive reconnaissance
et vous assurer que je ne passe pas de jour sans me souvenir de vous dans mes
prières. "
Ce dénoûment est sans doute plus moral, mais est-il plus vrai que
l'autre ? Nous l'ignorons, n'ayant jamais rien trouvé d'écrit
à ce sujet. Quoi qu'il en soit, ce touchant repentir n'excluant pas absolument
l'aventure du bois des Taillades, nous pensons qu'on pourrait faire de celle-ci
un tableau piquant, et du tout un mélodrame des plus intéressants
de ce genre.
Nous donnerons plus bas une notice de l'ancienne église des Dominicains,
actuellement l'église paroissiale de Sainte-Magdelaine, dont la grande
porte d'entrée est sur la place des Prêcheurs, et nous en viendrons
à la maison qui termine cette place au nord. Cette maison avait appartenu
9 à Louis
Ventre, sieur de la Touloubre, célèbre avocat au parlement et
professeur du droit français à l'université d'Aix, né
en cette ville le 26 novembre 1706, mort à Avignon et non à Aix
le 3 septembre 1767. Il avait cultivé dans sa jeunesse le commerce des
muses et avait obtenu des succès dans la poésie ; mais il se livra
depuis exclusivement à l'étude du droit et publia divers ouvrages
qui attestent l'étendue de ses connaissances. 10
Son édition des Oeuvres de Scipion Dupérier, en trois volumes
in-4°, est la meilleure de toutes celles qui ont paru.
Christophe-Félix-Louis Ventre de la Touloubre, l'un de ses fils, né
dans la maison dont nous parlons, le 18 mai 1746, mort à Paris en 1816,
entra de bonne heure chez les jésuites et puisa dans leur société
les principes dont il ne se départit jamais et cette instruction variée
dont il a fourni tant de preuves dans ses ouvrages. Outre les romans si intéressants
des Quatre Espagnols, du Manuscrit du mont Pausylipe et autres,
il a donné au public, sous le nom pseudonyme de Monjoie, d'autres
écrits qui, malheureusement, ne sont point des romans, tels que l'Histoire
de la conjuration de Louis-Philippe-Joseph d'Orléans, surnommé
Égalité, celle de la Conjuration de Robespierre, 11
etc.
Catherine Vincens, sa mère, épouse de Louis de la Touloubre, était
sur du père Joseph-Alexis-Benoit Vincens, savant bénédictin
de la congrégation de Saint-Maur, né dans la même maison
que son neveu, le 17 juillet 1702, mort à l'abbaye de Jumièges,
en Normandie, le 3 septembre 1769. Dom Vincens prêcha longtemps avec succès
à Carcasonne, Toulouse, Bordeaux, Rouen et Caen, et il était attendu
à Paris, lorsqu'une infirmité grave dont il fut atteint, l'obligea
d'abandonner la chaire évangélique. Il est auteur de plusieurs
ouvrages qui lui ont mérité une mention honorable dans le Dictionnaire
des hommes illustres de Provence. 12
La grande maison construite en pierres de taille,
dont une partie repose sur le Portalet, à l'entrée de la rue Rifle-Rafle,
et qui fait face à la fontaine et à la rue de la Porte-Saint-Louis,
fut bâtie, dans les premières années du XVIe siècle,
par Gaspard Dupérier, l'un des conseillers de l'institution du parlement
d'Aix, créé par Louis XII en 1501.
François Dupérier, petit-fils de Gaspard, fut un des beaux esprits
de son temps. Il était intimément lié avec Malherbe.
Il faisait aussi des vers dont aucun n'est parvenu jusqu'à nous. Le grand-prieur,
Henri d'Angoulême, gouverneur de Provence, qui avait amené Malherbe
dans ce pays et qui protégeait les lettres, faisait un cas particulier
de Dupérier. On raconte que ce prince lui fit un jour apprendre par cur
des vers de sa composition, avec ordre de les réciter après dîner,
comme s'il en était l'auteur. Le grand-prieur, qui voulait éprouver
Malherbe, loua beaucoup ces vers et demanda au poète normand comment
il les trouvait. - Mauvais, répondit brusquement Malherbe, et c'est vous,
Monseigneur, qui les avez faits.
Dupérier possédait un riche cabinet de tableaux, de livres et
d'objets d'antiquités, que son grand-père avait commencé
de former et qu'il avait considérablement augmenté. Son médaillier
fut acquis en 1608, au prix de 5,000 écus, par les Etats de Provence,
dans l'intention d'en faire cadeau au roi, qui l'accepta avec plaisir. C'était,
en un mot, un personnage très distingué, auquel on peut reprocher
toutefois un peu de versatilité dans sa conduite politique.
Ayant été longtemps le favori et le commensal du grand-prieur
qui soutenait, en qualité de gouverneur, les intérêts du
roi Henri III, son frère naturel, il embrassa avec ardeur le parti de
la Ligue, après la mort de ce prince. Suivant l'usage, l'intérêt
personnel eut beaucoup de part à ce changement. Depuis 1564, Arnaud Borrilli,
zélé protestant, et possesseur d'une maison voisine, avait obtenu
des premiers juges et du parlement, une sentence et un arrêt portant,
que la partie de la maison des Dupérier, bâtie sur le Portalet,
serait démolie ; ce qui avait été exécuté.
Dupérier, devenu partisan de la Ligue, n'eut pas de peine à faire
reconstruire cette partie de maison, en vertu de lettres-patentes du duc de
Mayenne, du mois de novembre 1590. 13
Il fut ensuite élu second consul d'Aix, procureur du pays de Provence,
en 1592, pour en exercer les fonctions à partir du 1er novembre jusqu'à
pareil jour de l'année suivante. Ce fut pendant son consulat, qu'Henri
IV fit son abjuration dans l'église de Saint-Denis, en France, le dimanche
25 juillet 1593. Dupérier comprit aisément que cette abjuration
allait porter le dernier coup à la Ligue, et, dès-lors, il se
retourna habilement vers le parti royaliste et prépara en secret, avec
lui, le triomphe d'Henri IV en Provence.
Le parlement d'Aix ayant reconnu ce monarque pour vrai et légitime héritier
de la couronne de France, par son arrêt du 7 janvier 1594, Dupérier
fut un des premiers à se déclarer ouvertement en sa faveur. Bientôt
après il fut l'un des députés que la ville d'Aix envoya
au roi pour lui prêter serment de fidélité, lorsqu'il eut
fait son entrée dans Paris, et il rapporta de sa mission l'assurance
d'obtenir du roi de nouvelles lettres-patentes qui lui furent expédiées
au mois de juin 1595, 14
portant approbation de la reconstruction de cette partie de maison bâtie
sur le Portalet. Au reste, comme il n'y eut, après la soumission de la
Ligue, ni 20 mars, ni journées de juillet, Dupérier
demeura depuis constamment fidèle à Henri IV et à Louis
XIII, jusqu'à sa mort arrivée en 1623.
Scipion Dupérier, son fils, né à Aix en 1588, mort en 1667
au mois de juillet, fut un des plus célèbres avocats du parlement
de Provence. Ses oeuvres ont été imprimées plusieurs fois
et sa vie a été publiée par le P. Bougerel, de l'Oratoire
; c'est pourquoi nous n'en dirons rien de plus. Sa postérité s'est
éteinte de nos jours, dans la personne de Charles-Philippe Dupérier,
marquis de Montcravel , écuyer de main du roi Louis XV, qui vendit la
maison dont nous avons parlé plus haut, en 1780, et mourut à Paris
sans enfants peu d'années après.
Mais la famille Dupérier ne finit pas entièrement avec lui. Le
père de François, ami de Malherbe, avait laissé, d'une
seconde femme, 15
un fils nommé Claude Dupérier, gentilhomme du duc de Guise, gouverneur
de Provence, lequel épousa, en 1619, Anne de Moriès, 16
d'une famille noble de Lorgues. De ce mariage naquirent Charles Dupérier,
l'un de nos meilleurs poètes latins, né à Aix le 31 janvier
1622, mort à Paris le 27 mars 1692 ; et un autre fils qui avait eu, de
deux lits, vingt-quatre garçons et huit filles ; plusieurs individus
de cette nombreuse famille adoptèrent le nom de Moriès que, par
corruption parisienne, on a ensuite changé en celui de Dumouriez. 17
Anne-François Dupérier-Dumouriez, né à Paris en
1707, était l'un de ces vingt-quatre frères. Il est connu, dans
la littérature, par sa traduction en vers français du poème
italien de Richardet. 18
C'est le père du général Charles-François Dumouriez,
né à Cambrai en 1739, mort à Londres en 1823, et qui, au
mois de novembre 1792, gagna sur les Autrichiens la bataille de Jemmapes, dont
le résultat fut la réunion momentanée de la Belgique à
la France. Un autre Charles-François Dupérier-Dumouriez, cousin
du général, né au Mans en 1746, a été sacré
évêque de Bayeux sous Louis XVIII, et est mort d'apoplexie dans
sa cathédrale en célébrant les saints mystères,
le jour de Pâques de l'année 1827. Il est difficile de croire qu'il
n'existe pas encore aujourd'hui quelque rejeton de cette famille, qui a subsisté
à Aix avec honneur, pendant près de cinq cents ans.
Au midi de la maison de Dupérier et du Portalet, on voit l'ancienne maison
des Pellicot, seigneurs de Saint-Paul, qui fait actuellement le coin de la rue
Peiresc et qui, avant la démolition du palais des comtes de Provence,
était attenante à cet édifice. Antoine Pellicot, maître-rational,
l'avait acquise en 1539, et ses descendants l'ont possédée jusqu'à
nos jours. Il était frère de Boniface, duquel nous avons parlé
plus haut, 19
et fut le père de Jean Pellicot, célèbre avocat, assesseur
d'Aix en 1465-66, ensuite premier conseiller à la sénéchaussée
de cette ville lors de sa nouvelle création en 1572. Celui-ci avait composé
plusieurs ouvrages 20
entièrement oubliés depuis longtemps, et dont le dernier fait
époque chez nous comme étant le premier livre imprimé à
Aix, suivant M. Henricy dans sa savante notice sur l'origine de l'imprimerie
en Provence 21.
H. Bouche dit, dans son Histoire de Provence, 22
qu'au temps de Boniface Pellicot furent plantés, entre autres arbres,
sur la place des Prêcheurs, trois micocouliers qui, lorsque cet auteur
écrivait, étaient d'une dimension remarquable. Si quelqu'un rapprochait
ce passage de cet autre, tiré de la Flore française, de
MM. Lamark et de Candolle 23:
" On cite un micocoulier d'une grosseur extraordinaire qui se trouve à
Aix sur la place des Prêcheurs " il pourrait en conclure que c'est
là un des trois arbres dont parle Bouche, et il commettrait une grande
erreur. De mémoire d'homme il n'a été vu de micocoulier
sur la place des Prêcheurs ; ceux que cite Bouche n'existent plus depuis
au-delà de cent cinquante ans à en juger par la grosseur des ormeaux
qui les ont remplacé et le micocoulier que mentionne la Flore française
se trouve sur la place des Quatre-Dauphins. Il date tout au plus de 1646, époque
où le quartier d'Orbitelle fut renfermé dans la ville.
La belle fontaine qu'on voit au centre de la place des Prêcheurs, date
de 1760 et 61. L'obélisque, les quatre lions qui le supportent et qui
reposent eux-mêmes sur une base élégante, sont l'ouvrage
de Chastel, 24
ainsi que le grand aigle déployant ses ailes et prêt à s'élancer,
qui couronne le monument. Les quatre inscriptions latines qu'on y lit et qu'on
retrouve dans l'ouvrage de M. Porte, 25
ne sont point de M. de Saint-Vincens le père, comme l'a cru cet auteur
: elles furent composées et envoyées de Paris par l'académie
des inscriptions et belles-lettres. 26
Les quatre médaillons placés au-dessus des inscriptions représentent
C. Sextius Calvinus, fondateur de notre ville ; Charles III, dernier comte de
Provence de la maison d'Anjou, qui légua la Provence à Louis XI
; Louis XV, roi régnant à l'époque de l'érection
de la fontaine ; et le petit-fils de Louis XV (qui a été depuis
le roi Louis XVIII), né cinq ans auparavant et auquel le monarque donna
le titre de comte de Provence que n'avait jamais porté jusqu'alors aucun
fils de France, quoique la Provence fût réunie à la couronne
depuis près de trois siècles.
Nous avons ouï dire à d'anciens assesseurs d'Aix, procureurs du
pays, 27 qui
le savaient par la tradition de leurs devanciers, tradition d'ailleurs très
peu ancienne, que l'administration ne vit pas, à cette époque,
cette innovation de bien bon oeil, quelque démonstration contraire et
peu sincère que sa position lui commandât 28
il n'était, en effet, que trop évident pour elle que tout en feignant
de flatter les Provençaux, on avait dès lors en vue, à
la cour et au ministère, de les accoutumer à regarder leurs pays
comme une province de France et non comme un État séparé,
indépendant et nullement subalterné à la France. Nous avons
entendu même citer, à ce propos, ces mots d'un ministre de Louis
XV, à raison de quelques remontrances basées sur les libertés
et les franchises du pays : " Révoltez-vous ; on enverra cinq ou
six régiments qui vous conquerront; vos privilèges seront abolis
et vous serez à l'instar de toutes les provinces de France. " Richelieu
et Mazarin n'avaient jamais osé parler si haut ; il est vrai que les
temps et les murs étaient changés et qu'au XVIIIe siècle
il n'y avait plus à craindre de voir se renouveler les troubles des Elus
et des Cascaveoux, non plus que ceux du Semestre et du Sabre, tous excités,
au siècle précédent, par les atteintes portées à
la constitution provençale.
Un spectacle odieux et affligeant déparait cette belle place des Prêcheurs
: celui d'un échafaud permanent, solidement construit en pierres de taille,
où se faisaient les exécutions des jugements criminels. La plupart
des anciens plans de la ville, gravés ou inédits, nous représentent
ce monument au-dessus duquel sont figurés des roués et des pendus.
C'est là que furent brûlés vifs l'ermite dont nous avons
parlé dernièrement, et Louis Gaufridi, prêtre de l'église
des Accoules de Marseille, accusé de sorcellerie et de magie.
Le parlement d'Aix avait la réputation d'être un des plus grands
justiciers du royaume. Ses détracteurs modernes l'accusent même
de partialité à cet égard et ne craignent pas de dire que
s'il sévissait rigoureusement envers les malfaiteurs de bas-étage,
les criminels qui tenaient un certain rang dans la société trouvaient
grâce devant lui. Ce sont là de ces infâmes calomnies inventées,
depuis soixante ans, contre tout ce qui a appartenu à l'ancien ordre
de choses ; car les registres du parlement attestent encore aujourd'hui que
sa justice était égale pour tous. Sans remonter à des temps
bien éloignés, nous citerons quelques exemples dont nos pères
ont été les témoins pendant le siècle dernier et
dont le souvenir n'est point encore entièrement effacé.
Qui n'a lu la relation imprimée de l'affreux parricide commis, le 9 novembre
1712, dans une campagne du territoire de Marseille, sur la personne de François
de C.. de S.., capitaine de galère ? Le crime ayant été
connu et poursuivi l'année suivante, Jean-Baptiste de C.. de S.., fils
aîné, fut roué vif, après avoir eu les deux poings
coupés, le 18 avril 1714. François-Guillaume de C.. de S.., son
frère, fut décapité, après avoir eu le poing droit
coupé ; et Anne de S.. de P.., leur mère, fut décapitée.
Les trois corps furent ensuite brûlés et les cendres jetées
au vent.
Jacques Gravier, époux de Marguerite de Pontevès, et par elle
seigneur de Beauduen, fut, quelques années plus tard assassiné
dans sa terre par un paysan qui déclara n'avoir agi qu'à l'instigation
de François de B.. , sieur de St-B... Celui-ci, convaincu de son crime,
fut roué vif le 10 avril 1726.
Scanne de G.. de la ville d'A.., sur de Joseph de G.., écuyer,
sieur de C.., ayant été égorgée dans son lit par
ses deux neveux et par sa nièce, celle-ci nommée Elisabeth de
G., à peine âgée de 22 ans, fut pendue le 7 décembre
1753, tandis que ses frères, Joseph-Dominique de G.., âgé
de 20 ans, et Honoré de G.., âgé de 16 ans, expiraient sur
la roue. Enfin le 17 mars 1757, un jeune officier réformé du régiment
de..., nommé Balthazar d'A.. de la ville de St-R... et Joseph T..., bourgeois,
furent également punis du supplice de la roue, pour avoir assassiné
un autre bourgeois de la même ville.
Nous ne pousserons pas plus loin nos citations afin de ne pas trop nous rapprocher
de nos jours. Celles-ci suffisent pour attester la justice du parlement d'Aix.
Nous ne pouvons nous empêcher cependant de rappeler la mémorable
exécution faite le 15 septembre 1768, d'une bande entière d'assassins
et de voleurs qui infestaient les environs d'Aubagne et de Roquevaire. Onze
hommes furent roués, deux autres et une femme pendus, ce qui porte au
nombre de quatorze les individus qui furent suppliciés le même
jour.
Ces exécutions eurent lieu sur cet échafaud
dont nous parlons, situé sur la place des Prêcheurs, au grand regret
des âmes honnêtes qui souffraient péniblement de voir couler
le sang au milieu d'une place aussi belle et aussi fréquentée.
Dès l'année 1643, le parlement avait délibéré
que l'échafaud serait transporté ailleurs, et l'on ne sait pourquoi
cette translation n'avait pas eu lieu.
Il était réservé au dernier marquis de Vauvenargues, fils
de celui qui s'est immortalisé par son généreux dévoûment
et sa noble conduite pendant la peste de 1720, et frère du vertueux moraliste
dont notre ville se glorifiera à jamais, il lui était réservé,
disons-nous, de faire détruire enfin cet épouvantable monument.
Nicolas-François-Xavier de Clapiers, marquis de Vauvenargues et de Claps,
étant premier consul d'Aix, procureur du pays de Provence, en 1775 et
1776, résolut avec ses collègues, MM. Barlet, assesseur, de Puget-Bras
et Gallicy, second et dernier consuls, de s'adresser au roi pour obtenir que
l'échafaud serait détruit et porté dans un des coins les
plus reculés de la ville. Louis XVI régnait alors ; c'est dire
d'avance que la demande fut accueillie favorablement.
Le 4 décembre 1775, MM. les consuls ayant convoqué tous les maîtres
maçons à l'Hôtel-de-Ville, M. de Puget se mit à leur
tête et se rendit à la place des Prêcheurs. Là ce
magistrat porta le premier coup de marteau sur l'antique échafaud qui,
en peu d'heures, fût entièrement démoli. 29
2 Voyez rue Ganay, dans le second volume. Retour
3 Voyez les divers historiens de Provence, de la ville et du parlement d'Aix voyez surtout les Essais historiques sur le parlement de Provence (Paris, Pihan-Delaforest, 1826, 3 vol. in-8°, tom. 1er , pag. 79 à 135), par notre honorable et malheureux ami M. Prosper Cabasse, alors conseiller à la cour royale d'Aix, depuis procureur général à la Guadeloupe, etc. Aux pag. 128 et suiv. de ces Essais, l'auteur rapporte textuellement l'arrêt de condamnation de Guérin d'après la copie que nous lui avions communiquée et que nous avions prise nous-même sur une expédition en forme, sur parchemin, appartenant à feu M. le marquis de Grimaldi de Cagnes, mort à Aix en 1816. Retour
4 Ces mémoires, dont le manuscrit autographe se trouve à la bibliothèque Méjanes dans le fonds de M. de Saint-Vincens, sont intitulés: Discours de l'institution, establissement, progrés et suitte du parlement de Provence, faict par M. Honnoré d'Agut, conseiller du roy audict parlement. Ils se terminent à l'établissement de la chambre des requêtes en 1641. -Nous en possédons une copie. Retour
5 Le balcon de la façade de cette maison est soutenu par des cariatides. Retour
6 Quelques personnes peu instruites ont imaginé, depuis quinze ou vingt ans, que cette maison était la demeure du bon roi René. Nous n'avons besoin, pour réfuter cette opinion, que de les renvoyer à ce que nous avons dit ci-dessus (pag. 10 à 17) sur le Palais des anciens comtes de Provence, démoli de 1776 à 1786, où naquirent la femme du roi saint Louis et ses trois surs, les reines d'Angleterre, des Romains et des Deux-Siciles, et où moururent le comte Raymond-Bérenger IV, leur père, et le roi René lui-même en 1480. Retour
7 Il était né le 7 juillet 1607. Voyez sa vie par Ruffi, Aix, David, 1659, in-16. Retour
8 Il était né en 1660. Voyez la Retraite spirituelle de M. le marquis de Simiane La Coste, président à mortier au parlement de Provence, donnée au public par M. J. Cousin, avocat ; Aix, Legrand, 1687, in-12, avec portrait. Retour
9 Elle est possédée actuellement par M. Bremond, notaire, à qui nous sommes redevable d'une foule de documents qui nous ont été de la plus grande utilité dans nos recherches, notamment sur l'ancien prieuré de Saint-Jean, dont feu M. son père était le notaire avant la révolution. Qu'il veuille bien en recevoir ici nos remercîments. Retour
10 Voyez le Dict. des hom. illust. de Prov., tom. II. pag. 272, et la Biog. univ. de Michaud, tom. XLVI, pag. 331, où tous les ouvrages de la Touloubre sont mentionnés. Retour
11 Voyez Aix ancien et moderne, par M. Porte, deuxième édition, pag. 91, où sont énumérées toutes les productions de Monjoie et où se trouvent des erreurs sur les prénoms de cet auteur, indiqués, dit M. Porte, dans le Journal de la Librairie de 1810. Retour
12 Tome II, pag. 335, où son nom est écrit Vincent par erreur. Retour
13 Registre des lettres-royaux du parlement d'Aix, 1587 à 1594, f° 348 v°. Retour
14 Registre des lettres-royaux du parlement d'Aix, 1595 à 1598, f° 53 v°. Retour
15 Louise Alpheran, mariée, le 14 novembre 1573 (notaire Arnaud Raynaud, à Aix), à Laurent Dupérier, avocat, fils de Gaspard, conseiller de l'institution du parlement. Elle était sur de Gaspard et de Pierre Alpheran, mentionnés ci-dessus (pag. 471 et 472), lequel Pierre épousa, dix ans plus tard, Magdelaine Dupérier, fille dudit Laurent et de Honorade de Murot, sa première femme. Retour
16 Contrat de mariage du 24 octobre 1619, notaire François Jusbert, à Lorgues. Retour
17 Mémoires du général Dumouriez, liv. 1er , chap. 1er . Retour
18 Voyez la Biographie universelle de Michaud, tom. XII, au mot Dupérier, et tom. XXVIII, au mot Périer. Retour
20 Hist. des hom. illust. de Prov., tom. II, pag. 450. Retour
21 Voyez ci-dessus, pag. 283, not. 7. Retour
22 Tome 1er , Cosmographie, pag. 208. Retour
23 Troisième édition, Paris, Agasse, 1805, in-8°, tom. III, pag. 315. Retour
24 Jean-Pancrace Chastel, né à Avignon en 1728, était fort jeune encore lorsqu'il vint s'établir à Aix pour s'y livrer à la sculpture ; il s'y maria en 1754 et une seconde fois quatre ans après. Il excella dans son art, et ses ouvrages, répandus à Aix, attestent qu'il devint le rival du Puget. Le comte de Valbelle, son protecteur et son ami, l'employa longtemps aux embellissements de son château de Tourves. Le fronton du bâtiment des greniers publics, dont nous avons parlé plus haut, pag. 79 ; la fontaine des Prêcheurs, qui donne lieu à cette note, et la statue de la Vierge, que nous mentionnerons en parlant de l'église paroissiale de Sainte-Magdelaine, fairont à jamais le plus grand honneur à son ciseau. Ruiné par les premiers événements de la révolution, il mourut à l'hôpital des Incurables, à Aix, le 30 mars 1793. Retour
25 Aix ancien et moderne, deuxième édition, pag. 174. Retour
26 Description des antiquités, monuments et curiosités de la ville d'Aix, par M. de Saint-Vincens le fils, qui devait le savoir, pag. 36. Retour
27 MM. Pazéry, Alpheran, notre oncle maternel, Dubreuil et Roman de Tributiis. Retour
28 Cahier des délibérations de l'assemblée des communautés, février, 1756. pag. 8 et 74. Retour
29 Il était situé en face de
la rue du Collége. La place qu'il occupait est encore reconnaissable
à quelques pierres de ses fondations qui ont résisté au
marteau des démolisseurs. Il convient d'expliquer pourquoi l'un des consuls
marcha à la tête de ceux-ci et porta le premier coup. Un antique
et salutaire préjugé faisait noter d'infamie les malheureuses
familles qui, de près ou de loin, touchaient à l'échafaud.
Dans la circonstance dont nous parlons, aucun maçon n'eût voulu
marcher, retenu qu'il eût été par ce préjugé,
et dans la crainte qu'on n'eût un jour reproché à ses enfants,
à ses petits-enfants, que leur père ou leur aïeul était
monté sur l'échafaud. Tous les maçons vivants ayant concouru
ensemble à la démolition, faite d'ailleurs publiquement et conjointement
avec 1'autorité, cette crainte n'en était plus une pour aucun
d'eux ni de leurs descendants. On ne prévoyait pas qu'à moins
de vingt ans de là tant d' illustres et d'innocentes victimes, le vertueux
Louis XVI même, perdraient la vie sur un échafaud, sans pour cela
perdre l'honneur, le plus précieux des biens.
Voici l'état que nous avons dressé, aussi exactement que nous
l'avons pu, de ces malheureuses victimes, égorgées judiciairement
par le bourreau, sous le règne de la terreur, dans l'espace de onze mois,
et qui appartenaient à la ville d'Aix. Puisse ce déplorable tableau
inspirer l'horreur des révolutions, en rappelant à nos contemporains
les scènes sanglantes qui se sont passées sous leurs yeux, et
en apprenant à nos neveux combien il est dangereux de renverser les empires
pour courir après un bonheur idéal que les ambitieux et les charlatans
promettent sans cesse et qu'ils sont incapables de donner.
ÉTAT DES CONDAMNÉS A MORT PAR LES TRIBUNAUX RÉVOLUTIONNAIRES, SOUS LA TYRANNIE DE ROBESPIERRE, APPARTENANT A LA VILLE D'AIX PAR LEUR NAISSANCE OU LEUR ETABLISSEMENT DANS CETTE VILLE.
BERTET Joseph François, homme de loi (ancien Procureur
du roi à la police);
GALLUD MERIAUD Pierre Michel Jean Charles Antoine Martien, homme de loi (ancien
substitut du procureur général au parlement);
Condamnés, le 2 octobre 1795, par le tribunal criminel des Bouches-du-Rhône,
séant à Marseille, comme contre-révolutionnaires, ayant
exercé pendant la tenue des sections, au printemps et dans l'été
de la même année ; l'un, les fonctions d'administrateur du département
; l'autre, celles de président de la municipalité d'Aix. Ils furent
amenés à Aix et décapités le lendemain sur la place
du Palais.
- Nous nous rappelons la consternation générale que cette exécution
répandit dans la ville. La stupeur était empreinte sur le visage
du peu de gens qui circulaient dans les rues ; la plupart des magasins et boutiques
étaient fermés. Les cris féroces des sans-culottes seuls
retentissaient dans les airs. Nul autre qu'eux n'osait se montrer aux fenêtres
ni sur les portes des maisons ; une bonne partie des habitants sortit même
de la ville dès le matin et beaucoup n'y rentrèrent plus. Joignez
à cela le grand nombre d'émigrés de 1791 et 92, ceux des
citoyens qui s'étaient éloignés ou cachés depuis
l'entrée de Carteaux, le mercredi 21 août précédent,
et les soixante ou soixante-dix personnes qui avaient été emprisonnées
comme suspectes, à la fin de septembre, la ville ressemblait à
un véritable désert, pire peut-être qu'en un temps de peste.
PIDOUX Jean-Pierre, ex-prêtre (ancien religieux feuillant) ; condamné,
le 8 octobre 1793, par le tribunal criminel de Marseille, comme ayant prêché
la contre-révolution dans les sections ; exécuté à
Marseille.
REY Jean, cultivateur ; condamné, le 12 octobre 1793, par le tribunal
criminel de Marseille, comme porteur des dépêches du comité
des sections d'Aix à celui de Marseille ; il fut amené à
Aix et décapité à la Rotonde au bout du Cours, le lendemain,
jour de dimanche, ce qui répandit la même consternation que l'exécution
du 3 octobre. Nous n'avions aucun soupçon de celle de Rey, et nous allions
voir et consoler notre respectable père, détenu depuis dix-sept
jours comme suspect, dans les prisons alors situées dans le bâtiment
des casernes au cours Sainte-Anne, lorsque nous rencontrâmes, au milieu
de la grande cour, le lugubre cortège dont la vue nous glaça d'effroi
et est encore présente à notre souvenir. Notre malheureuse mère
que nous accompagnions, faillit s'évanouir et eut de la peine à
faire encore quelques pas pour arriver jusqu'à la porte des prisons.
Elle n'avait que trop, comme nous, le pressentiment qu'a deux dimanches de là,
elle perdrait son vertueux époux d'une manière à peu près
aussi lamentable. - Voyez ci-dessus, pag. 174 et suiv. , et au second volume,
rue Cardinale.
Aucun des suivants ne périt à Aix ; ils furent tous mis à
mort dans le lieu de leur condamnation.
CHAUVET Jean-François, huissier ; condamné, le
4 novembre 1793, par le tribunal criminel de Marseille, comme contre-révolutionnaire.
MITTRE Jean-Baptiste, bourgeois ; condamné, le 5 novembre 1793, par le
tribunal criminel de Marseille, comme contre-révolutionnaire.
VLLENEUVE Louis Elzéar dit d'ANSOUIS ex-noble ; condamné, le ...
novembre 1793, part la commission révolutionnaire de Lyon comme ayant
porté les armes, pendant le siège de celle ville, contre l'armée
de la république.
BARBEZIER Jean-Bernard, notaire ;
PERRIN Jean Antoine, notaire ; condamnés, le 23 novembre 1793, par le
tribunal criminel de Marseille, comme contre-révolutionnaires.
BEGUE Joseph Paul, bourgeois ; condamné, le 30 novembre 1793, par le
tribunal criminel de Marseille, comme contre-révolutionnaire.
LIVIEUX Jean-Baptiste, teneur de livres ; condamné, le 5 décembre
1793, par la commission révolutionnaire de Lyon comme contre-révolutionnaire.
MARTIN Joseph, perruquier ; condamné, le 8 décembre 1793, par
la commission révolutionnaire de Lyon, comme ayant porté les armes
contre la république pendant le siège de cette ville.
ROUX Jean François Xavier, ex-prêtre (ancien religieux augustin
du couvent de Saint-Pierre); condamné, le 15 décembre 1793, par
la commission révolutionnaire de Lyon, comme prêtre réfractaire.
(Voyez au second volume, rue d'Italie, la lettre que ce saint prêtre
écrivit à sa famille, à Aix, quelques heures après
sa condamnation).
SIBILOT Jean-Baptiste, propriétaire ; condamné, le 17 décembre
1793, par le tribunal criminel de Marseille, comme contre-révolutionnaire
et ayant fait feu sur la garde qui allait le saisir.
BARNIER Joseph, commis-négociant ; condamné, le 18 décembre
1793, par le tribunal criminel de Marseille comme ayant marché dans l'armée
départementale, pendant la tenue des sections, contre celle de la république
; commandée par le général Carteaux.
RICAUD Pierre Louis, ex-prêtre et vicaire de l'évêque constitutionnel
d'Aix condamné, le 21 décembre 1793, par le tribunal criminel
de Marseille, comme contre-révolutionnaire.
ARBAUD André Elzéar dit de JOUQUES, ex-noble (ancien conseiller
au parlement) ;
BONNET Joseph Philippe dit de la BEAUME, ex-noble (ancien conseiller au parlement)
;
FORBIN Gaspard Anne François Palamède de, ex-noble (ancien seigneur
de la Barben, la Roque, Soliès, etc., à qui C.-F. Bouche avait
dédié son Essai sur l'histoire de Provence ; condamnés,
le 26 décembre 1793, par la commission révolutionnaire de Lyon
comme contre-révolutionnaire.
L'EVÊQUE François, ex-noble (voyez ci-dessus, pag. 680) ; condamné,
le 26 décembre 1793, par le tribunal criminel de Marseille, comme contre-révolutionnaire.
TERRIS Joseph Jean Claude, secrétaire d'homme de loi ; condamné,
le 29 décembre 1793, par la commission révolutionnaire de Lyon,
comme ayant porté les armes contre la république lors du siége
de cette ville.
COLOMBON Antoine Joseph Blaise, homme de loi ; condamné, le 7 janvier
1794, par le tribunal criminel de Marseille, comme contre-révolutionnaire.
GIRARD Antoine, huissier ; condamné, le 9 janvier 1794, par le tribunal
criminel de Marseille, comme contre-révolutionnaire.
ARBAUD Joseph Victor Alphonse, homme de loi ; condamné, le 23 janvier
1794, par le tribunal criminel de Marseille, comme conspirateur, ayant prêché
la contre-révolution dans sa section.
BONNETTY Joseph, ex-prêtre (curé de la paroisse de Saint-Sauveur)
; condamné le 1er février 1794, par le tribunal criminel de Marseille,
comme contre-révolutionnaire, ayant présidé le comité
central des sections et signé une adresse contre le vertueux sans-culotte
Marat.
MARTIN Vincent Gaspard, ex-prêtre (ancien bénéficier à
Saint-Sauveur) ; condamné, le 10 février 1794, par la commission
révolutionnaire de Lyon, comme prêtre réfractaire et contre-révolutionnaire.
ARQUIER Jean-François Marie dit des BAUMELLES, ex-noble (ancien conseiller
au parlement)
ASTOIN Jean-Baptiste Antoine, greffier du tribunal du district (anciennement
de la sénéchaussée) ;
BRAZE Jean-François, directeur des vivres des hôpitaux militaires
(anciennement commis au greffe de la province) ;
GUIRAND Esprit Siméon marchand mercier ;
MILLET Jean-Baptiste, propriétaire ;
MATHERON Pierre Germain, négociant ;
PERRET Jean-Paul, négociant, fabricant de bonnets ;
REDORTIER Esprit, bourgeois (ancien consul, procureur du pays) ;
SALVATOR Jean Antoine, propriétaire (ancien procureur au parlement) ;
TERRIS Louis Jean Baptiste, secrétaire d'homme de loi (frère de
Joseph Jean Claude, ci-dessus) ;
Condamnés, le 4 février 1794, par la commission militaire révolutionnaire
de Marseille, pendant la suspension du tribunal criminel, comme contre-révolutionnaires,
ayant exercé des fonctions dans leurs sections.
ESTIENNE Antoine d', surnommé Caiphas, ex-noble ; condamné,
le 24 février 1794, par la commission militaire révolutionnaire
de Marseille, comme contre-révolutionnaire.
GAJAN Barthélemy, meunier ;
GUERIN Joseph, cultivateur (se donna la mort avec un couteau après la
prononciation du jugement ; son cadavre fut néanmoins porté à
l'échafaud et décapité) ;
Condamnés, le 16 mars 1794, par la commission militaire révolutionnaire
de Marseille, comme contre-révolutionnaires.
FOSSENQUI Sébastien François, fontainier ;
MERENDOL Jean-Baptiste Alexandre, homme de loi ;
Condamnés, le 17 mars 1794, par le tribunal criminel de Marseille (après
le rétablissement de ce tribunal), comme contre-révolutionnaires.
MARCOU Jean Joseph, cultivateur ; condamné, le 24 mars 1794, par le tribunal
criminel de Marseille, comme contre-révolutionnaire.
ROUX Charles-Benoît, ex-prêtre, ex-évêque
constitutionnel des Bouches-du-Rhône (ancien curé d'Eyragues) ;
condamné, le 4 avril 1794, par le tribunal criminel de Marseille, comme
contre-révolutionnaire, ayant célébré la messe sur
le Cours, à Aix, le jour où les sections jurèrent de ne
plus reconnaître la Convention nationale. (Voyez ci-dessus, pag. 97.)
CAUSSINI Joseph-Louis dit de VALBELLE, ex-noble (voyez ci-dessus, pag. 510)
;
RAOULX Jean-Claude, cordonnier ;
Condamnés, le 10 avril 1794, par le tribunal criminel de Marseille, comme
contre-révolutionnaires.
LAURENT François, gendarme; condamné, le 12 avril 1794, par le
tribunal criminel de Marseille, comme ayant cruellement persécuté
les bons patriotes pendant la contre-révolution des sections.
HERMITTE Antoine Hypolitte dit de MAILLANNE, ex-noble (ancien conseiller au
parlement) ; condamné le 14 avril 1794, par le tribunal criminel de Marseille,
comme contre-révolutionnaire.
DÉCOME Pierre, maçon; condamné, le 4 juin 1791, par la
commission militaire de Toulon, comme convaincu d'avoir crié vive
le roi !
PERRIN Elzéar, homme de loi, juge au tribunal de district ; condamné,
le 11 juin 1794, sous les noms de Pierre Jacques Perrein, par le tribunal révolutionnaire
de Paris, comme conspirateur et l'un des principaux chefs des contre-révolutionnaires.
RIPERT Jules Charles Louis dit MONCLAR, ex-noble (ancien substitut au parlement,
puis officier au régiment de ...) ; condamné, le 19 juin 1794
par le tribunal révolutionnaire de Paris, comme conspirateur dans la
maison d'arrêt où il était détenu (voyez ci-dessus,
pag. 183).
BRUNY Jean-Paul dit d' ENTRECASTEAUX , ex-noble (ancien président au
parlement) ; condamné, le 20 juin 1794, par la commission populaire d'Orange,
comme contre-révolutionnaire.
BOISGELIN Gilles Dominique Jean Marie de, ex-noble ( ancien maréchal
de camp ) ; condamné, le 5 juillet 1794, par le tribunal révolutionnaire
de Paris, comme conspirateur dans la maison du Luxembourg où il
était détenu.
VIANY Laurent Jean Baptiste, ex-noble (ancien conseiller à la cour des
comptes) ; condamné, le 7 juillet 1794, par la commission populaire d'Orange,
comme contre-révolutionnaire.
ROUBAUD Jean Laurent se disant Audibert, maître de mathématiques
; condamné, le 17 juillet 1794, par le tribunal révolutionnaire
de Paris, comme agent, sous le costume d'un mendiant, de Pitt et de Georges,
tyran d'Angleterre.
PUGET Henri de, ex-noble (ancien mousquetaire noir) ; condamné, le 25
juillet 1794, par le tribunal révolutionnaire de Paris, avec environ
quatre-vingts autres individus des deux sexes, de tout âge et de tout
pays, inconnus les uns aux autres (dit Prudhomme), qu'on envoyait, ainsi journellement
à la mort, sous les yeux et les auspices de la convention nationale,
sans autre forme de procès que de leur demander leurs noms, sans leur
laisser jamais la faculté de parler et souvent même sans qu'on
daignât leur dire de quoi ils étaient accusés. Le motif
de la condamnation de ceux-ci, était d'avoir formé dans la maison
d'arrêt des Carmes, où ils étaient détenus comme
suspects une conspiration tendant à s'évader de leur prison, se
porter sur la convention, en égorger les principaux membres et rétablir
la royauté.
CADENET Césaire Augustin dit de CHARLEVAL, ex-noble, ( ancien major du
régiment d'Aunis, lieutenant de la garde constitutionnelle de Louis XVI,
etc.) condamné, le 24 juillet 1794, par le tribunal révolutionnaire
de Paris, avec soixante ou quatre-vingts autres individus, comme les précédents,
pour pareille conspiration dans la maison d'arrêt de Saint-Lazare.
La chute de Robespierre, arrivée le 27 juillet 1794 (9 thermidor an II),
vint enfin mettre un terme à cette horrible boucherie de chair humaine.
Les tribunaux et les commissions établis dans les départements
furent révoqués. Le seul tribunal révolutionnaire de Paris
continua, mais faiblement, de juger les personnes qui avaient pris part à
la révolte des sections, jusqu'à ce qu'enfin il fut lui-même
cassé. Dans cet intervalle il ne périt qu'un seuil citoyen d'Aix
:
GROGNARD Jean-Baptiste Mitre, ex-prêtre (ancien religieux minime) ; condamné
à Paris, le 22 août 1794, comme ayant pris part à cette
révolte des sections.
RECAPITULATIONS.
En | octobre1793 |
4
|
Prêtres |
7
|
à
|
Aix |
3
|
novembre |
6
|
Nobles |
14
|
Marseille |
36
|
||
décembre |
11
|
Bourgeois, Avocats, Procureurs, Notaires, huissiers |
21
|
Toulon |
1
|
||
janvier 1794 |
3
|
Négociants ou Marchands |
6
|
Orange |
2
|
||
février |
13
|
Artisans ou Cultivateurs |
9
|
Lyon |
8
|
||
mars |
5
|
Paris |
7
|
||||
avril |
5
|
||||||
mai | |||||||
juin |
4
|
||||||
juillet |
5
|
||||||
août |
1
|
||||||
57
|
57
|
57
|