(1250 environ).
ERS
le milieu du XIIIe siècle et dans les premières années
du règne de Charles 1er d'Anjou, gendre et successeur de Raymond-Béranger
IV, le dernier de nos comtes catalans, la ville comtale fut agrandie du côté
du couchant. Un nouveau rempart fut élevé attenant à l'ancien
aux quatre coins de la Juiverie 2
et continué le long de la rue des Cardeurs, jusqu'au coin sud-ouest de
la place des Fontêtes où on le dit contourner vers le midi.
Le faubourg des Anglais, 3
qu'on nommait ainsi depuis peu de temps, existait dans les environs. On laissa
ce faubourg en dehors du nouvel agrandissement, et pour communiquer avec lui,
on ouvrit une porte publique là où finissait la principale rue
qu'on nomma la rue des Fabres et qui forme aujourd'hui la majeure partie de
celle des Cordeliers, en remontant vers l'Hôtel-de-Ville. Cette porte
fut appelée la porte des Anglais (lou pourtaou deis Anglêz)
et quelquefois de Saint-Jacques des Pèlerins, à cause d'un hôpital
portant le nom de ce saint, voisin de là et qui fut depuis incorporé
dans l'église des Cordeliers. De là le rempart fut conduit par
la rue des Patis ou des Pénitents-Noirs et la place des Tanneurs, 4
jusqu'un peu au-dessous de la rue de l'Aumône vieille. Coupant ensuite
en diagonale l'île de maisons dans laquelle est comprise
actuellement l'église du Saint-Esprit qu'on laissa en dehors des murs,
il fut amené au bas de la rue Beauvezet d'où on alla le rattacher
à l'ancien rempart vers la rue du Grand-Puits. 5
C'est alors que la porte de Marseille fut descendue au bas de la rue Beauvezet,
au point où celle-ci se dégorge dans la Grande Rue Saint Esprit;
et, comme les religieux Augustins ne tardèrent pas à s'établir
auprès de là, en dehors de la ville, cette porte perdit insensiblement
son premier nom, pour prendre celui de porte des Augustins. Au moyen de cet
agrandissement, la ville fut augmentée des rues suivantes :
1 Nous nous sommes servi utilement, pour indiquer
l'époque et la circonscription des divers agrandissements de la ville,
du manuscrit de P-J. de Haitze, intitulé Aix ancienne et moderne,
où la topographie de la ville d'Aix (mis au net par l'auteur en 1715),
duquel nous possédons une copie. Nous croyons inutile de faire remarquer
les points sur lesquels nous différons plusieurs fois d'opinion; les
curieux pourront comparer eux-mêmes nos deux ouvrages. Quant aux rues,
de Haitze n'en donne qu'une nomenclature bien sèche, sans citer jamais
aucun trait historique, aucune anecdote, en sorte que
sa topographie n'est qu'une table assez bonne à consulter, malgré
bien des erreurs, mais dont la lecture n'offre aucune sorte d'agrément.-
Il ne faut pas confondre cet ouvrage avec celui que M. J-B-F. Porte a publié
sous le même titre d' Aix ancien et moderne, et qui justifie à
tous égards les éloges que deux éditions successives lui
ont acquis (Aix, Guigues, 1823 ; et Aix, G. Mouret, 1833). Les nombreux ouvrages
que M. Porte a publiés, attestent l'étendue et la variété
de ses connaissances dans l'histoire, l'archéologie, la poésie,
la musique, la peinture, la sculpture, etc. Retour
2 Nous avons dit, ci-dessus pag. 7, que les quatre coins de la Juiverie sont les quatre angles que forment les rues Venel et de la Juiverie (aujourd'hui de la Verrerie) au point où elles se jettent, en face l'une de l'autre, dans la rue des Cardeurs. Retour
3 Nous dirons plus bas d'où lui était venu ce nom. - Voyez rue des Muletiers. Retour
4 Dans l'angle saillant de la ligne orientale où se fait la séparation de la rue des Patis ou des Pénitents-Noirs et de la place des tanneurs, on éleva alors une tour dite de la Tannerie, dont il existait encore des vestiges au commencement du XVIIIe siècle, et qui faisait face à la rue actuelle de la Sainte-Baume. Retour
5 Voyez ci-dessus
pag. 8, où était cette rue du Grand-Puits dont le nom
a disparu en 1811. Retour